• Dieu conclut une alliance avec son peuple

    Dieu conclut une alliance avec son peuple

    Frédéric BAUDIN    (publication du Berger d’isarael)

     

     

    Dieu conclut une alliance avec son peuple

    La relation entre Dieu et le peuple d’Israël repose sur une alliance qui exclut toute fusion entre l’homme et la divinité : elle met en relation deux personnes distinctes. Autrefois, Dieu a choisi Abraham, puis Isaac et Jacob, pour traiter une alliance avec eux et leur descendance. Le choix de Dieu, l’élection d’Israël, procède de l’amour et la justice de Dieu : Dieu agit par grâce en faveur d’un peuple qu’il choisit non pour ses mérites, sa force armée, ou sa conduite morale, mais parce qu’il l’aime et qu’il désire que ce peuple lui appartienne (Dt 7. 68 et 9. 4). L’image la plus fréquente pour décrire cette alliance est le mariage, l’amour entre un homme et une femme qui s’unissent pour vivre ensemble (Ez 16). Dieu se rend accessible à son peuple, à qui il demande en retour une entière consécration. Son choix, son initiative et son amour motivent l’amour et l’obéissance du peuple d’Israël. 

     

    Les éléments de l’alliance 

    L’alliance conclue entre Dieu et les hommes repose sur trois éléments incontournables :

    ·    La Promesse : Dieu adresse une promesse à un homme, puis à sa descendance et enfin au peuple d’Israël.

    ·    Le sacrifice : L’alliance exige qu’un sacrifice soit offert.

    ·  La foi : L’homme et la femme, le peuple tout entier, acceptent cette alliance en ajoutant foi aux promesses de Dieu (c’est aussi une grâce !). Chacun doit placer son entière confiance en Dieu qui refuse tout compromis avec le mal. Dieu dénonce en effet le mal comme une injustifiable réalité, qu’il veut anéantir, sans nous en dévoiler tous les mystères.

    Cette alliance est enfin assortie d’un signe tangible, lié aux promesses de Dieu, au sacrifice et à la foi du peuple choisi. 

     

    L’alliance avec Abraham et Moïse

    Dieu promet à Abraham une descendance nombreuse et un pays où ce peuple pourra résider. Abraham sacrifie un animal (à la place d’Isaac) : il a foi en Dieu et il est ainsi considéré comme juste (Gn 16). La circoncision est le signe de l’alliance, bientôt renouvelée avec Isaac, Jacob et ses douze fils, et enfin avec les douze tribus d’Israël.

    Dieu choisit Moïse pour délivrer Israël : il lui adresse la promesse de le faire sortir d’Egypte et entrer dans le pays promis à Abraham, puis « d’habiter au milieu de son peuple ». La présence de Dieu est la promesse ultime adressée à Israël, elle contient toutes les autres ; elle est le gage de la bénédiction (Ex 33. 14 ; Lv 26. 12).

    La Pâque marque le jour du départ, elle est centrée sur le sacrifice d’un agneau ou d’un chevreau : le sang de cet animal, aspergé sur les linteaux des portes, sert de signe pour que l’ange de Dieu épargne les familles de ces maisons. La racine hébraïque amane (croire, avoir foi) revient aux moments les plus cruciaux de la sortie d’Egypte : Israël apprend à placer sa confiance en Dieu lors de la sortie d’Egypte, du passage de la mer Rouge et dans l’épreuve de la traversée du désert. 

     

    La loi donnée au Sinaï

    L’alliance du Sinaï est plus développée.

    Les lois de Dieu peuvent se résumer par deux principaux commandements : « Shema Israël ! Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l’unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta pensée, de toute ta force, de tout ton être…» (Dt 6) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… » (Lv 19. 18).

    Par amour, en obéissant aux commandements de Dieu, Israël sera « une nation sainte (consacrée à Dieu), un royaume de sacrificateurs » (Ex 19. 2 et 5). C’est à cette condition que Dieu « marchera au milieu de son peuple » et lui donnera la vie.

    Dieu conclut une alliance avec son peuple

    Dieu est amour et justice : ces deux qualités sont indissociables, elles commandent les rapports de l’homme avec Dieu et avec ses semblables. 

     

    Pédagogie de l’alliance

    L’homme et la femme sont responsables de leurs actes devant Dieu : « Les commandements de Dieu ne sont pas hors de leur portée » (Dt 30. 11-14). Mais ils sont en réalité incapables de mettre la loi en pratique dans toute son étendue et sa rigueur, dans sa profondeur exigée par l’amour parfait. Ils n’ont pas un « cœur pour connaître (Dieu), des yeux pour voir, des oreilles pour entendre », explique Moïse à Israël (Dt 29. 3).

    Moïse annonce même la corruption morale qui gagnera le peuple d’Israël et les conséquences qui en découleront (Dt 31. 14-23, Es 6. 9-10). Dieu sait qu’Israël n’est pas un peuple parfait : il a une « nuque raide » (Dt 9. 6), son « cœur est incirconcis » (Lv 26. 41, cf. Jr 6. 10 et 9. 25). Ces métaphores révèlent son incapacité à se plier aux exigences divines. Tous les peuples sont dans la même situation, soulignent les prophètes et les apôtres (Ps 14, Rm 3).

    Enfin, une malédiction pèse sur « quiconque ne met pas en pratique tout ce qui est écrit dans la loi » (Lv 18. 5). Dieu aurait-il donné la loi pour faire mourir son peuple ? Certains hommes et femmes prononcent cette phrase de révolte à plusieurs reprises dans le désert, lorsqu’ils se trouvent devant une impasse ou devant une difficulté apparemment insurmontable (Ex 12, etc.). Dans un premier temps, Dieu répond chaque fois par une promesse de délivrance, qui s’accomplit.

    Si la loi révèle le péché et entraîne la condamnation du coupable, elle est aussi un instrument de la pédagogie divine pour le conduire à recevoir le pardon et la délivrance (Gal 3). 

     

    Le prix de l’alliance : sacrifice et médiation

    La loi permet donc à l’homme et la femme de comprendre qu’ils sont pécheurs par nature (le péché se définit aussi étymologiquement par l’incapacité d’atteindre la cible, le but fixé par la loi). Ils ne peuvent aimer Dieu et leur prochain en tout temps et en toutes circonstances. Ils sont alors poussés à rechercher une solution pour leur salut, afin d’être en communion avec Dieu et de retrouver ainsi l’amour et la vie. Or, cela n’est possible qu’à condition qu’une autre vie soit donnée, qu’un sacrifice soit offert à la place du « pécheur ».

    La loi dénonce le mal, mais elle propose aussi un remède au mal : « L’expiation s’opère seulement si le sang du sacrifice est versé » (Lv 17. 10-15 ; cf. Hb 9. 22).

    Le sacrifice couvre ou efface (héb. kipper) les fautes et permet la réconciliation du coupable avec Dieu. Moïse intercède vigoureusement dans ce sens en faveur de son peuple, il préfigure le médiateur qui sera envoyé un jour pour résoudre le « conflit » entre Dieu et les hommes. Dieu adresse alors la promesse (et l’ordre, d’une certaine manière !) à son peuple de circoncire son cœur pour manifester un amour authentique et vivre (Dt 30. 6).   

     

    Le sceau de l’alliance

    L’alliance du Sinaï s’achève par l’aspersion du sang d’un animal sacrifié sur l’autel des sacrifices, puis sur le peuple. C’est le signe de l’alliance conclue entre Dieu et son peuple, qui s’est engagé à faire « tout ce que Dieu a dit » (Ex 24. 8). Mais cette alliance n’a de sens qu’à condition qu’Israël ait foi en Dieu, ses promesses et son pardon, lorsque les prêtres sacrifient un animal pour l’expiation des fautes. Le peuple de Dieu accèdera ainsi au repos, à la paix, dont le signe tangible est le sabbat (Ex 31. 13). 

    Israël n’entre pas aussitôt dans le pays qui lui est promis : presque tous manquent de foi en Dieu, à la suite d’un rapport exagérément négatif des espions envoyés pour explorer le pays de Canaan : « Jusques à quand ce peuple ne croira-t-il pas en moi » (Dt 1. 7). De même, Dieu reproche à Moïse, qui a frappé le rocher au lieu de simplement élever la voix, de « n’avoir pas cru en lui pour le sanctifier aux yeux d’Israël » (Nb 20).

    Cependant, Dieu révèle à Moïse, lors d’une vision que s’il est juste, il sait aussi se montrer compatissant ; s’il ne tient pas le coupable pour innocent, il fait grâce (Ex 34. 5-7 ; cf. Es 45. 21). C’est donc bien en vertu de l’amour de Dieu qu’Israël pourra enfin entrer dans la terre promise, non sans avoir appris à lui faire confiance, à ajouter foi à ses promesses :

    « C’est pour te mettre à l’épreuve que je t’ai fait traverser ce désert, afin de te faire du bien ensuite. Garde-toi de dire que tu es entré dans ce pays et que tu as réalisé toutes ces choses par ta force et ton travail… » (Dt 8)

    Israël doit tout à la grâce du Seigneur, l’élection comme la foi et la sanctification : les menaces de jugement et le pardon manifesté doivent conforter le peuple choisi à pratiquer le bien défini par le Seigneur pour lui rendre un culte et l’adorer, pour l’aimer sans partage. C’est ainsi qu’il sera un peuple consacré à Dieu, sanctifié pour servir Dieu dans son Temple. 

     

    La loi, l’alliance et le pays d’Israël 

    Toutes les lois et les promesses sont données par Dieu au peuple d’Israël en vue de son installation dans la Terre Promise (Dt 8).

    La résidence sur cette terre suppose une stricte observance des lois du Seigneur. Trois principales fêtes sont liées à la vie agricole dans le pays : la Pâque (prémices de la moisson de l’orge), la Pentecôte (moisson du blé), et la fête des tentes (fête de toutes les récoltes). On peut y ajouter le sabbat (lié au souvenir de la manne et donc de la providence divine), et les jubilés. Or, si son peuple observe ses lois, Dieu lui promet une situation favorable en tout point. Les sacrifices font partie de ces lois : ils couvrent les manquements du peuple tout entier, à condition que celui-ci s’amende avec sincérité ; les prophètes fustigent le formalisme (cf. Es. 28).

    La bénédiction se traduit par des conditions climatiques favorables à une abondante récolte, ce qui permet de fêter effectivement la récolte dans la joie ! En revanche, si Israël se trouve en défaut par rapport à la loi, les conditions climatiques sont défavorables et les fêtes moins joyeuses, voire impossibles (sécheresse, famine, conflits).

    Les fêtes sont donc un peu comme le « thermomètre » de la foi et de l’obéissance du peuple d’Israël aux lois de son Dieu. Elles lui permettent de faire le point sur sa relation avec Dieu, et éventuellement de revenir à Dieu s’il s’en est écarté. 

     

    Jugement et pardon

    Cette interprétation est certes très simpliste : il n’est pas si facile (ni toujours recommandé !) d’établir des liens directs et absolus entre les conditions de vie et la foi d’Israël. Cela est aussi valable pour l’Eglise, pour chacun d’entre nous. Dieu peut « éprouver » son peuple, comme dans le désert, pour lui apprendre à placer en lui sa confiance, quelles que soient les circonstances. L’apôtre Paul et les premiers martyrs de l’Eglise mentionnent aussi leurs difficultés, les persécutions dont ils souffrent ; Jacques n’hésite pas à préciser que celles-ci peuvent devenir le signe de l’approbation du Seigneur. Dans sa liste des « héros de la foi » (Hb 11), l’auteur de l’épître aux Hébreux mentionne des hommes et des femmes maltraités, victimes de maladies ou de violences, et cependant conscients de la bénédiction divine, de la présence de Dieu.

    Par ailleurs, les conséquences de la chute se font sentir dans l’ensemble de la création. Les maladies ou les difficultés de toutes sortes ne sont pas nécessairement les conséquences de fautes particulières des individus ou du peuple d’Israël dans son ensemble. Néanmoins, cette corrélation est parfois soulignée par les écrivains bibliques, comme par exemple lors de la sécheresse au temps du prophète Elie, ou de la déportation à Babylone. Paul donne une interprétation similaire dans son enseignement sur la sainte Cène (1 Co. 11). Il serait bien entendu inacceptable d’appliquer ce principe à des événements tels que les persécutions subies par les Juifs ou, à bien plus forte raison, à la Shoah. 

     

    L’alliance rompue

    Sous l’ancienne alliance, le remède à la faute et à ses conséquences est de toute façon proposé avec la célébration de la fête des expiations (Yom Kippour). Ce jour-là, le chef des prêtres recueillait le sang d’un animal offert en sacrifice, pour l’asperger sur l’arche de l’alliance, en signe d’expiation pour couvrir ses propres fautes, celle de sa famille (les lévites), et celles de tout le peuple d’Israël.

    Déjà du temps de Moïse, l’épisode du Veau d’or avait révélé les faiblesses d’Israël. Après Josué, Israël traverse des périodes de décadence, d’idolâtrie, de corruption sociale et religieuse, de résistance à l’Esprit Saint : ils sont « incirconcis de cœur et d’oreilles », souligne Moïse, comme Etienne dans son discours aux anciens d’Israël.

    Ces périodes sombres alternent avec des périodes de répit et de retour à la foi au Dieu d’Israël. Le peuple juif revient alors à une observance plus stricte de la loi de Moïse, notamment sous la conduite des « juges » ou sous l’impulsion des prophètes. Mais ces retours à Dieu sont hélas souvent passagers et superficiels. Les règnes des rois les plus fidèles à Dieu sont entachés de fautes graves (David, Salomon, etc.). Après le schisme qui divise le pays en deux, les habitants d’Israël, le royaume du Nord, sont emmenés en captivité en Assyrie (722 av. J.-C.), comme le seront aussi les habitants du royaume de Juda à Babylone (586 av. J.-C.). 

     

    L’alliance rétablie

    Ces épreuves montrent de façon indubitable que les menaces et le jugement de Dieu sont réels ; les promesses de pardon et de restauration trouveront aussi leur accomplissement. Les prophètes dénoncent, en effet, les désordres sociaux et religieux de leur temps. Certains le disent en des mots sans équivoque, que l’on taxerait aujourd’hui peut-être d’antisémite, si on les lisait sous la plume de certains auteurs ! (cf. Es 1) les prophètes mettent en relation les désobéissances et l’infidélité d’Israël avec les famines ou les invasions étrangères. Ils annoncent toutefois le pardon de Dieu, le retour en grâce toujours possible avant même que ces menaces ne se réalisent, si les hommes et les femmes d’Israël « reviennent » (shouv), se détournent de leur faute.

    C’est une condition systématiquement soulignée par les prophètes (Jérémie en particulier). Les Juifs reviennent dans leur pays au 5ième siècle, après un temps de profonde humiliation et de repentance (cf. Daniel 9, Esdras 9 et Néhémie 9). Mais au-delà de ce rétablissement partiel, les prophètes annoncent l’établissement d’une nouvelle alliance, universelle. 

     

    Une nouvelle alliance

    Le rétablissement d’Israël, sous l’ancienne alliance, est toujours partiel : il concerne un «reste » (Es. 10. 22 ; Mi 2. 12 ; 4. 6-7 ; So 2. 7-9 ; 3. 12, etc.). Une partie des juifs revient d’Assyrie ou de Babylone. Les prophètes annoncent que cette restauration physique sera accompagnée d’une restauration spirituelle, d’une véritable régénération, une authentique « circoncision du cœur », qui s’effectuera sous le régime d’une « nouvelle alliance ». Cette restauration inclut le pardon des péchés et la promesse renouvelée par Dieu de se manifester au milieu de son peuple. Deux textes soutiennent le peuple d’Israël dans cet espoir : 

    « Voici les jours viennent, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas une alliance comme celle que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai saisis par la main pour les faire sortir d’Egypte : celle-ci, ils l’ont rompue, quoique je fusse leur Seigneur, leur maître. Voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël : après ces jours, je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. […] Je pardonnerai leur faute, je ne me souviendrai plus de leur péché… » (Jr 31. 31-34 ; cf. hb 8. 8-10 ; 10. 16-17) 

    « Je vous retirerai des nations où je vous ai dispersés, je vous rassemblerai de tous les pays et je vous ramènerai sur votre territoire. Je ferai sur vous l’aspersion d’une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures, de vos idolâtries. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai en sorte que vous suiviez mes prescriptions et que vous pratiquiez mes ordonnances… » (Ez. 36. 2427) 

    La parabole hardie de la femme infidèle, décrite par Ezéchiel (Ez. 16), va dans le même sens : Dieu trouve d’abord une jeune fille nue et sans défense ; il la soigne et la revêt des plus beaux habits pour en faire sa compagne, sa reine. Mais celle-ci s’enorgueillit de sa beauté et se prostitue à ses amants. Elle finit par tout perdre. Dieu l’appelle cependant à contracter avec lui une nouvelle alliance :

    « Tu as rompu notre alliance, mais je me souviendrai de cette alliance et j’établirai avec toi une alliance éternelle […] quand je ferai pour toi l’expiation de tout ce que tu as fait… » 

     

    L’alliance du Messie

    Les prophètes précisent que cette nouvelle alliance se réalisera avec la venue du « serviteur de Dieu », le Messie. Ils annoncent sa mort (Es 53, Ps 22, etc.) mais aussi sa résurrection (Es. 53, Ps. 16, etc.). Après l’exil à Babylone, Zacharie et Malachie exposent les thèmes du jugement et de la purification du « reste » d’Israël. Le peuple de Dieu est passé au crible, dans le tamis ; il est comme le métal purifié dans le creuset passé au feu (Za 13. 7-9 ; Mal 3. 3-5). Ce peuple est purifié en vue du règne messianique ; il est l’œuvre du Messie (Mi 4 et 5 ; Ez. 34. 17-22). C’est ce peuple purifié par le Messie, pardonné par Dieu et réconcilié avec lui, régénéré par l’Esprit du Seigneur (Ez 37) qui connaîtra le Seigneur en vérité (Jr 31. 34 ; Jn 4). 

    Israël est réduit parfois même à un seul homme, le « serviteur du Seigneur », selon le prophète Esaïe. C’est aussi « Emmanuel » : Dieu présent au milieu de son peuple. Le Messie incarne le peuple tout entier et vient pour le racheter : on ne peut le confondre avec le peuple d’Israël, ni avec le « reste » d’Israël (une élite religieuse, selon certains juifs), car il rassemble autour de lui une communauté pour laquelle il obtient le salut. Il est le « serviteur juste » (tsadiq avdi), sans faute : lui seul peut donc porter les fautes de son peuple (Es 53. 11). L'intégrité d’Israël est, en effet, démentie par le contexte de ce chapitre (v. 5 et 8), comme à plusieurs reprises dans ce livre (cf. 1 et 42. 24 ; 43. 22-28 ; 48. 1, 4, 8, 18 ; 50. 1, etc.). 

     

    Une alliance universelle

    Cette dernière remarque vaut d'ailleurs pour tous les peuples de la terre (Rm 3). D’après les prophètes, le pardon et la réconciliation avec Dieu seront offerts également à un peuple rassemblé du milieu des nations : des non juifs bénéficieront des promesses de salut et seront incorporés au peuple du Seigneur. Un reste des nations se joindra au reste d’Israël pour former un seul peuple.

    Le Messie est la lumière des nations : « C’est peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes d’Israël ; je t’établis pour être la lumière des nations, pour que mon salut soit manifesté jusqu’aux extrémités de la terre… » (Es 42. 6 et Es 49. 6). Les non juifs seront rassemblés avec Israël pour adorer Dieu dans son temple (Es 56. 1-8). La prophétie d’Osée va dans le même sens (Osée 1. 6-9 et 2. 1-25).

    Les auteurs du Nouveau Testament reprennent ce thème : les chrétiens juifs et non juifs sont élus d’entre (êk) les juifs et d’entre les nations (Rm. 9. 24). L’élection se situe donc à plusieurs niveaux (c’était déjà vrai sous l’ancienne alliance). Dieu veut que tous les hommes et femmes soient sauvés, mais il n’en choisit qu’un certain nombre pour le salut, parmi les juifs comme parmi les non juifs.

    Selon Pierre (1 Pi 2. 9), ce peuple racheté forme une « maison spirituelle, une race élue, une communauté sacerdotale royale, une nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis. » Les non juifs participent donc à part entière à la vocation adressée à Israël : « Vous serez pour moi un royaume de sacrificateurs, une nation sainte. » (Ex 19. 6).

    Des hommes et des femmes de toute langue et de toute nation, des juifs et des non juifs célèbrent ensemble le Seigneur lors de sa seconde venue (Ap 1. 6 et 5. 910) ; ils forment une nouvelle nation qui lui est consacrée, l’épouse du Seigneur. Un « reste » des juifs et des non juifs, par la foi au Messie, devient le peuple du Seigneur, la postérité d’Abraham selon la promesse adressée au patriarche (Gn 15 et Gal. 3). L’Alliance de Dieu avec les Juifs s’est élargie aux non juifs : ces derniers ne remplacent pas les premiers, ils forment ensemble un peuple nouveau dans la foi au Messie d’Israël (Ep. 2). 

     

    Conclusion

    La relation entre Dieu et Israël est fondée sur l’alliance.

    Dieu a pris l’initiative de cette alliance (élection), par amour et avec justice. Il n’y a donc pas lieu de contester cette élection du peuple issu de la descendance d’Abraham, Isaac et Jacob. Mais cette élection générale ne doit pas cacher une élection particulière, au sein même du peuple d’Israël, et cela déjà sous le régime de l’Ancienne alliance.

    L’alliance est assortie d’une promesse : Dieu « habitera » au milieu de son peuple et fera résider ce peuple dans le pays promis à Abraham.

    Le peuple est tenu d’aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme lui-même. Les sacrifices offerts couvriront les manquements à la loi et permettront l’accès libre à la présence divine. Cela suppose, de la part du peuple d’Israël, une foi entière en Dieu, une confiance inébranlable, quelles que soient les circonstances. Lorsque les conditions sont favorables, le peuple de Dieu peut exprimer sa reconnaissance et sa louange à Dieu, tout en se montrant vigilant dans l’abondance (Deutéronome 8) ; en temps de disette ou de famine, d’épidémie ou de guerre, ce qui ne manquera pas d’arriver dans un monde marqué par la réalité du mal, la mise à l’épreuve et l’issue favorable peuvent ainsi permettre à Israël d’accroître sa confiance en Dieu, d’affermir sa vocation et son élection. C’est la « leçon » de la traversée du désert après la sortie d’Egypte. Si Israël s’est rendu coupable d’une faute particulière, il pourra revenir à son Dieu qui lui pardonnera sa faute, en vertu du sacrifice offert pour l’expiation (Lv 16). 

    La circoncision et l’aspersion du sang de l’animal offert en sacrifice sont les signes de l’alliance entre Dieu et son peuple.

    Mais ce signe, précisent les prophètes, prendra une autre dimension, lorsque le Messie, « l’Agneau de Dieu », acceptera lui-même de mourir pour prendre sur lui les fautes de son peuple. Le Messie circoncira le cœur de ceux qui croiront en lui pour être pardonnés et réconciliés avec Dieu ; il seront alors pleinement sauvés, ils auront la certitude d’être un jour libérés des conséquences du mal et de la mort. 

    Enfin, conformément à la promesse adressée à Abraham, cette possibilité sera offerte à toutes les nations de la terre, parmi lesquelles Dieu choisira également un « reste » pour l’associer au reste d’Israël.

    Ensemble, ils sont appelés à former une nation sainte, un peuple choisi qui lui est consacré. C’est pour cette raison que les apôtres soulignent la similitude qui existe entre le peuple juif et les non juifs : ils sont « pécheurs » et sont sauvés par grâce, les uns et les autres, sans accomplir la Loi dans toute son étendue et ses exigences (cf. Rm 3).

    La Loi cependant demeure : elle révèle à tous leur faute devant Dieu, leur incapacité d’aimer Dieu et leur prochain en tout temps et en toute circonstance. Mais les hommes et les femmes peuvent désormais être réconciliés avec Dieu en ajoutant foi au Messie Jésus, venu pour conclure une nouvelle alliance, définitive et universelle : Jésus satisfait ainsi la justice divine et il incarne l’amour de Dieu pour le monde (Jn 3. 16).

     

    Association Le Berger d’Israël ( 2 décembre 2003)

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