• Le secret des manuscrits de la Mer morte

     Le secret des manuscrits de la Mer morte

    Le site de Qumrân est coincé entre la mer Morte à l'est et l'important escarpement rocheux des montagnes du désert de Juda à l'ouest à partir duquel cette photo a été prise. C'est dans des grottes aménagées dans ces escarpements que quelques habitants de la communauté de Qumrân vivaient. C'est aussi dans ces grottes que l'on a découvert le plus important lot de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler les manuscrits de la mer Morte. Le point noir au centre de la photo est la plus connue de ces grottes (grotte 4).

    Le secret des manuscrits de la Mer morte

     Les manuscrits de Qumrân ! 

    Ils ont fait couler beaucoup d'encre et provoqué tant de débats, depuis leur découverte en 1947. On ne peut pourtant résumer Qumrân à la belle histoire de sa découverte - un jeune bédouin à la recherche d'une chèvre tombe sur une grotte dans les falaises calcaires du Wadi Qumrân, au nord-ouest de la mer Morte (à l'époque en Jordanie).

     

    Le secret des manuscrits de la Mer morte

     

    On ne peut non plus réduire Qumrân aux querelles d'experts et aux déclarations passionnelles qu'ont provoquées les découvertes archéologiques à Khirbet Qumrân et leurs diverses interprétations, religieuses ou profanes, esséniennes ou non esséniennes. Car ce que révèlent d'abord et avant tout ces manuscrits de la mer Morte, c'est l'origine de l' Ancien Testament. (le Tanakh)

    Parmi les 275 cavités fouillées à Qumrân, 11 grottes contenaient des manuscrits en hébreu et en araméen ; une vingtaine d'autres contenaient des objets contemporains du site. Certains rouleaux, enveloppés de tissu et conservés dans des jarres en terre cuite, étaient en bon état et n'ont guère présenté de difficultés d'identification. Dans d'autres cavités, au contraire, on ne trouva que des fragments de parchemins qu'il fallut d'abord classer, répertorier et photographier avant de pouvoir les publier.

    «ON DISPOSE DÉSORMAIS DE L'ESSENTIEL»

    Pendant plus de soixante années, un énorme travail d'édition - entravé par les conflits politiques dans la région - a été mené par un comité international. Depuis 1991, ce comité d'une quarantaine de chercheurs est présidé par l'Israélien Emmanuel Tov (Université hébraïque de Jérusalem), aux côtés de l'Américain Eugene Ulrich (Université Notre-Dame en Pennsylvanie) et du Français Émile Puech (École biblique et archéologique française de Jérusalem, ou Ebaf).

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    Fragments du Rouleau du Temple, IIme siècle av. J.-C. (Photos : Musée d'Israël, Jerusalem). 
     

    Aujourd'hui, quelque 900 manuscrits ont été publiés en 40 volumes, et une traduction en français est disponible (1). « On dispose désormais de l'essentiel, même si quelques fragments peuvent peut-être encore se trouver dans des collections privées », estime Katell Berthelot, brillante spécialiste du judaïsme antique qui codirige la publication bilingue de la bibliothèque de Qumrân. Parmi ces 900 manuscrits, on trouve trois grands types d'écrits.

    UNE VINGTAINE DE ROULEAUX D'ISAÏE A ÉTÉ RETROUVÉE

    D'abord des textes bibliques, avec tous les livres de l'Ancien Testament (Tanakh) (sauf celui d'Esther), notamment une quarantaine d'exemplaires de psautiers (mais aucun complet). L'ordre des psaumes n'était pas le même qu'aujourd'hui et, de plus, on en trouvait parfois 152 ou 153 - au lieu de 150.

    « Émotionnellement, c'est extraordinaire de se dire que certains de ces textes ont pu passer entre les mains de Yeshoua, Pierre ou Paul », poursuit Katell Berthelot. On trouve également tous les prophètes connus aujourd'hui, avec cependant une prépondérance du grand prophète Isaïe. Une vingtaine de rouleaux d'Isaïe a été retrouvée, notamment deux rouleaux, longs de plus de sept mètres, que l'on peut admirer au Musée du Livre, à Jérusalem.

    Ces rouleaux d'Isaïe ont un aspect « rafistolé » - selon l'expression de Laurent Hericher, conservateur en chef à la BNF -, avec des ratures ou des rattrapages d'oublis dans les marges.

     

    PSAUMES, ISAÏE ET DEUTÉRONOME : LE « KIT DE BASE »

    Enfin, toujours parmi les textes bibliques retrouvés à Qumrân, le Pentateuque ( Torah) est très représenté, avec en particulier une trentaine d'exemplaires du Deutéronome (livre à caractère juridique), dans une forme assez proche de celle que l'on connaît.

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    Fac-similé du Rouleau d'Isaïe : (Photo : Michael Falter/www.facsimile-editions.com). 
     

    On peut donc penser que les Psaumes, Isaïe et le Deutéronome - tel un « kit de base », selon l'expression de Michael Langlois, jeune philologue franco-américain de l'université de Strasbourg - étaient les trois livres bibliques les plus lus à Qumrân, et sans doute aussi dans toutes les synagogues de l'époque. Or ce sont ces trois livres de l'Ancien Testament qui sont le plus souvent cités dans les Évangiles et dans les Lettres de Paul.

    DIFFÉRENTS TEXTES PROPRES À LA COMMUNAUTÉ

    Par ailleurs, ces textes bibliques qumrâniens présentent certaines différences avec les plus anciennes versions hébraïques connues jusque-là, appelées « massorétiques » - du nom des savants massorètes qui ont vocalisé la Torah aux IXe-Xe siècles.

    Autre grand type d'écrits des rives de la mer Morte : les textes parabibliques, dits « apocryphes ». On a notamment découvert le Livre d'Hénoch, une grande apocalypse juive qui n'était connue que dans des versions éthiopienne et grecque.

    Enfin, derniers types d'écrits : ceux propres à la communauté de Qumrân, dits « sectaires ». Parmi ces écrits communautaires, on range divers commentaires des livres bibliques ainsi qu'un « rouleau du Temple » - dont on ne sait toujours pas à quel usage il était destiné. Mais surtout, on y classe cinq exemplaires de la Règle de la communauté (longtemps appelée Manuel de discipline) dont certains termes posent bien des questions.

     

    «AUJOURD'HUI, ON RÉÉVALUE À LA BAISSE LE NOMBRE DE TEXTES COMMUNAUTAIRES»

    Ainsi, le « maître de justice » (dirigeant la communauté) est décrit comme devant être « mis à mort » avec des « blessures » et des « transpercements ». Ce qui a fait dire à Robert Eisenman, professeur de religions proche-orientales à l'université de Long Beach (Californie) dans les années 1990, que les esséniens attendaient un Messie qui devait souffrir et mourir - sans affirmer pour autant que ce « maître de justice » pourrait être le Chris.

    Le terme de « fils de Sadoq » a également interrogé : il apparaissait déjà dans le Document de Damas (découvert au Caire au début du XXe siècle) qui fait allusion à des juifs qui, ne supportant plus la corruption sacerdotale (à l'époque, seul un descendant de Sadoq pouvait être grand prêtre à Jérusalem), partent au désert en direction de Damas.

    « Aujourd'hui, on réévalue à la baisse le nombre des textes initialement considérés comme communautaires », conclut Katell Berthelot en souhaitant que les chercheurs, qui disposent maintenant de l'ensemble des manuscrits, « réexaminent les théories à la lumière de l'ensemble ».

    Actuellement des recherches portent sur le système calendaire, ainsi que sur les textes liturgiques et de sagesse. Car comme le dit Michael Langlois, autre représentant de cette nouvelle génération de qumrânologues francophones, « ce qui paraissait clair hier ne l'est plus du tout aujourd'hui ».

    Claire LESEGRETAIN

    (1)La Bibliothèque de Qumrân, volume 1 : Torah-Genèse, sous la direction de Katell Berthelot, Thierry Legrand et André Paul, avec le texte original (hébreu ou araméen) et la traduction française (Cerf, 2007, 590 p., 89 euros). Le volume 2 (Exode-Lévitique-Nombres ) est attendu pour octobre 2010.

     Source: http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Les-revelations-des-manuscrits-de-la-mer-Morte-_NG_-2010-04-12-549814

     

    J'ajoute quelques compléments à l'article pour permettre d'éclairer le contexte dans lequel s'est passé le déchiffrement et la publication des manuscrits qui n'a pas été aisée...

    Le déchiffrement des manuscrits posait déjà un certain nombre de difficultés : outre leur statut ambigu, provenant de l'absence de propriété officielle, il faut citer leurs manques, de nombreux fragments ayant été perdus ou volés ; puis des difficultés techniques, car il était ardu de dérouler les rouleaux sans les abîmer, presque tous ayant été écrits sur parchemin, maintenant pulvérulent, à l'exception d'un rouleau gravé sur cuivre et donc plus compliqué encore à dérouler ; enfin, le fait que plusieurs étaient codés.

    Une difficulté de plus apparut, et elle était de taille : l'équipe d'épigraphistes et d'éditeurs s'érigea en autorité quasi-supranationale, indépendante d'aucune autorité autre que le Vatican.

    La première équipe, qui comprenait des gens tels le p. Benoît et John Strugnell, avait été désignée par l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, en fait émanation de l'ordre religieux des dominicains.

    La seconde équipe, dite internationale, fut constituée par un autre dominicain, directeur de la même Ecole biblique, le p. Roland de Vaux ; elle fut recrutée parmi des chercheurs des universités d'Oxford et de Harvard. Comme la première, elle détenait un monopole de fait absolu sur toute reproduction, édition, traduction ou utilisation académique des fameux manuscrits.

    Quand, en 1986,le Pr Robert Eisenman, du William F. Allbright Institute of Archaeology, et le Dr Philip Davies, de l'université de Sheffield, tous deux chercheurs de premier rang, se rendirent à Jérusalem pour consulter les rouleaux de manuscrits, les directeurs de l'équipe internationale et de la conservation leur répondirent tout net : « Vous ne verrez pas les rouleaux de votre vivant. » Arrogance fort peu académique et qui donne le ton de l'affaire.

    Les Manuscrits de Qumran

    Or, ces manuscrits étaient de caractère religieux. Ils avaient été, en effet, rédigés par une communauté monastique, les Esséniens, d'obédience non rabbinique, créée vers le début du IIe siècle avant notre ère. Plusieurs chercheurs qui avaient originellement eu accès aux rouleaux, comme le Pr John Allegro, en avaient largement décrit la substance : les textes qu'ils contenaient n'étaient pas juifs au sens strict, mais judéo-chrétiens un siècle et demi au moins avant la naissance de Jésus (en l'an 7 avant notre ère).

    Ils contenaient, en effet, certains des germes de l'enseignement de Jésus, fondateur du christianisme : avènement imminent de la fin des temps, dépouillement matériel de l'individu, indispensable à son salut, respect impérieux de la Loi mosaïque et nécessité pour le croyant d'exprimer sa foi, non par les rites, mais par les oeuvres.

    Et là apparut une difficulté de plus, la plus formidable : les éditeurs choisis par l'Ecole biblique étaient-ils objectifs ? Intrigués par la volonté de ceux-ci de dissocier formellement, et, surtout, prématurément, les textes esséniens de la naissance du christianisme, certains spécialistes (tels Jean Carmignac, André Dupont-Sommer, John Allegro, Edmund Wilson et d'autres) commencèrent par mettre cette objectivité en doute.

     

    Ces éditeurs « officiels », désignés après tout par des autorités chrétiennes, étaient-ils bien capables d'impartialité à l'égard de textes remettant en cause l'originalité de l'enseignement de Jésus ? John Strugnell, un des éditeurs principaux des manuscrits, se laissa aller en public à des propos peu élogieux à l'égard du judaïsme, qualifié de « religion épouvantable ». Et cela à Jérusalem même. Or, déjà le p. de Vaux avait été traité, par son ancien collègue David Pryce-Jones, de « brute irascible » et Magen Broshi, qui dirigait le Temple du Livre à Jérusalem, l'avait défini comme un « antijuif enragé ».Etait-ce vraiment le cas ? Si oui,que pouvait valoir le travail de chercheurs antijuifs sur des textes hébraïques ? 

     

    De plus, les éditeurs de l'équipe « officielle » étaient d'une lenteur désespérante, sinon suspecte. Quarante-cinq ans après la découverte des MMM, ils n'en avaient publié qu'environ un quart. Quant au reste, personne n'en savait quasiment rien.

     

    Le ton monta entre les savants qui demandaient libre accès aux textes, selon les règles élémentaires de la recherche, et l'équipe en charge. Herschel Shanks, directeur de la Biblical Archaeology Review, porta la querelle devant le grand public.La presse s'empara de l'affaire, certains éditeurs officiels s'alarmèrent, et des autorités de Harvard et d'Oxford s'énervèrent. Le temps du monopole abusif sur les manuscrits prenait fin. Sur ce, l'on découvrit ce que peu de gens savaient, c'est qu'il existait des photos des MMM à la Huntington Library, en Californie.

     

    Cette bibliothèque de fondation avait pris l'engagement de n'en rien publier sans l'accord de l'équipe officielle ; pourtant, elle rompit son engagement unilatéralement, en dévouement à la science. Et Shanks publia, au dépit des droits exclusifs, en deux volumes, mille huit cents photos des manuscrits, accompagnées de traductions préliminaires.

     

    L'ensemble des manuscrits de la mer Morte se partagent, en gros, en deux genres : écrits bibliques (transcriptions plus ou moins conformes) et pseudo-bibliques d'une part, et écrits sectaires, c'est-à-dire spécifiques de la secte des Esséniens, d'autre part.

     

    Par exemple de très nombreux passages des manuscrits de la grotte IV, montrent que les Esséniens révéraient bien un messie à venir, mais ils indiquent aussi que, pour eux, celui-ci se recruterait dans leurs rangs (texte 4Q252). Ces textes montrent aussi que les distances (pour ne pas dire l'aversion forcenée) que les Esséniens avaient prises à l'égard du clergé de Jérusalem correspondent à celles que Jésus exprime, selon les Evangiles, dans ses invectives à l'égard du même clergé.

     

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    Ce dernier point se comprend à la lumière du fait historique suivant : aux alentours de 160 avant notre ère, un grand-prêtre particulièrement pieux et intransigeant, Yosé ben Yoéser, fut crucifié par le haut-clergé de Jérusalem qu'il défiait : ce personnage semble bien être le Maître de Justice mentionné à maintes reprises dans les MMM, figure dominante et inspirateur pré-christique de la tradition essénienne. Les disciples de celui-ci se retirèrent donc de Jérusalem, accablant le clergé d'anathèmes féroces.

     

    Enfin, on retrouve de nombreux échos de l'enseignement de Jésus dans des textes tels que ceux portant les numéros 4Q397-399 et 4Q213-214, où il est signifié en substance que le principe fondateur de la justice réside dans la foi et non dans la Loi. Ce qui éclaire la communauté essénienne d'une lumière particulière : ses adeptes ne reconnaissaient aucune autre loi que la leur, ce qui explique qu'ils refusaient de payer des impôts à l'occupant romain.

    Source: extrait de l'article http://www.inmysteriam.fr/enigmes-historiques/les-manuscrits-de-la-mer-morte-cinquante-ans-daventure-archeologique.html

     

      Je vous propose pour compléter 3 documentaires sur cette découverte.

    Vidéo 1 sur 3  Les manuscrits de la Mer morte

    Vidéo 2 sur 3 Les mauscrits de la Mer morte

     

    Vidéo 3 sur 3 Les manuscrits de la Mer morte

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  • Commentaires

    1
    Jacquy Mengal
    Vendredi 22 Novembre 2013 à 17:51

    Encore un article super intéressant. Félicitations cher ami !

    Ce que j'apprécie aussi chez toi, c'est que tu cites clairement toutes tes sources (ce que certains blogeurs ne font malheureusement pas).

    Et en plus, tes messages sont souvent bien documentés (vidéos, photos, etc). Merci pour ce message et bonne continuation. Shabbat shalom.

    Jacquy Mengal

    2
    Esso
    Samedi 23 Novembre 2013 à 16:53

    Oui c'est vraiment excellent comme travail de recherche. Toujours vous laissez conduire par le Rouah aQodesh de Yahweh. C'est lui même qui nous instruit.

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